• Pour le 115 il y a urgence

     

    Le 115 est en grève d’urgence, je soutiens cette grève et voici mon témoignage de médiateur social sans autres ressources que le soutien moral qu’il peut apporter aux SDF dans les transports en commun d’une grande ville sans moyens...

     

    Été comme hiver (voir mon article "avis de grand froid" )

     

     

    Que font l’État, la région ou les municipalités ? ils ne respectent pas la loi :

    - « Toute personne sans abri en situation de détresse médicale, psychique et sociale a

    accès, à tout moment, à un dispositif d'hébergement d'urgence ». Art L 345-2-2 Code de

    l’action sociale et des familles.

     

    - « Toute personne accueillie dans une structure d'hébergement d'urgence doit pouvoir y

    bénéficier d'un accompagnement personnalisé et y demeurer, dès lors qu'elle le souhaite,

    jusqu'à ce qu'une orientation lui soit proposée.» Art.L 345-2-3.

       

     

    La faute à qui ? ce n’est pas en rejetant la faute sur le dos des autres que le problème sera résolu. Il semble qu’il soit plus facile à l’État de sauver les banques en difficulté que les êtres humains qui sont jetés à la rue.  

     

    Une jeune de 19 ans à la rue, elle n’a jamais eu de jambes pour marcher et se déplace dans un fauteuil roulant qu’elle bouge à la force de ses bras. Elle vient d’être victime des coups de son compagnon de misère qui lui a piqué sa couverture. Avec mon collègue on essaie de la réconforter, on l’écoute, on répond à ses questions, on la conseille. Il est 23 h 20, le mois de juillet est froid et humide, il fait 13 degrés dehors. Elle refuse de quitter le métro et ce n’est pas notre boulot de la mettre dehors. J’appelle le 115, au bout de quelques minutes un urgentiste me répond… j’explique la situation… il est trop tard pour une place d’hébergement, les centres encore ouverts en été sont obligés d’organiser des permutations pour que les SDF puissent y dormir deux ou trois fois dans la semaine, après 20 heures ils sont blindés. « Vous avez des couvertures ? » « Oui on en a mais on a plus d’équipe mobile, je suis tout seul, je suis désolé mais je ne peux rien faire… » me dit mon interlocuteur d’une voix triste et emprunte de lassitude. Notre jeune fille se résout alors à retourner près de son compagnon pour partager la moitié de sa couverture, pas d’autres solutions. Mon collègue et moi on ne peut rien faire non plus, on termine notre poste à 1 heure après la fermeture du métro, il sera trop tard… au mieux ils seront tolérés (sous réserve de bonne conduite), au pire ils seront sortis par les agents de sécurité. La plupart du temps l’humain l’emporte sur le réglementaire, ça prouve que nous ne sommes pas des robots.

    Si le SAMU social obtient davantage de moyens et si l’on laisse ouvert tous les centres d’hébergement été comme hiver, on aura moins de mort dans les rues, car on y meurt été comme hiver, de froid, ou de solitude… Et par respect pour la dignité de la personne humaine, il faudrait des lieux d’accueil adaptés et surtout un vrai programme de construction de logement sociaux en rapport avec les besoins. Cela relancerait le bâtiment, ouvrirait des marchés aux entreprises et donnerait du travail aux chômeurs. L’État verrait alors rentrer des cotisations dans les caisses, percevrait en retour l’impôt sur les bénéfices et la consommation serait relancée.

     

    À voir : sur le site du collectif « Les morts de la rue »

    l'article « Été 2011 »

    Le site de la FNARS Fédération nationale des associations d'accueil et de réinsertion sociale

    Particulièrement les réponses apportées aux sans abris pendant l’été.

    et le communiqué de soutien à la mobilisation des travailleurs sociaux.

     

    C'est toutes les nuits :

     

      DSC00043

     

       SDF couché sur un quai de métro

     

     Si vous en avez le courage : à voir la vidéo « Dans la peau d’un sans abri. »

    Difficile de la voir en entier… c’est long comme une journée d'errance et une nuit dans la rue.

     

     

     

    « La forêt est en deuil.Een dag in Brugge Une journée à Bruges »
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  • Commentaires

    1
    Mardi 2 Août 2011 à 16:12

    Bravo à tous ceux qui travaillent pour aider ainsi les autres... En effet il y en a tant besoin !

    2
    Mercredi 3 Août 2011 à 15:42

    Merci, on a tous besoins d'encouragements

    3
    Mercredi 3 Août 2011 à 15:44

    Merci mille fois de tes précisions , on nous connait si peu...

    4
    Mercredi 3 Août 2011 à 15:46

    Tu donnes en plein dans le mille , je prépare un dossier sur la question des priorités

    5
    Mercredi 3 Août 2011 à 17:55

    Oui, je le sais tout cela, j'ai eu aussi parfois affaire à des démunis, il y en a aussi chez nous... Heureusement ici c'est une des priorités de la municipalité. Mais au  niveau des écoles on se fait de plus en plus agresser, soit par des élèves, soit par des parents, et cela peut être aussi par une personne en difficulté embauchée pour nous aider et qui en fait nous agresse parce qu'elle se sent en position d'infériorité.

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    6
    Dimanche 21 Août 2011 à 11:32

    Là on peut dire que tu parles d'expérience et la situation s'aggrave, la rentrée est angoissante pour beaucoup d'enseignants. Tu connais peut-être l'Observatoire de la souffrance des profs ? On a trop insisté sur les droits des enfants, des ados, des adultes... on a seulement oublié de rappeler les devoirs et le respect des autres. Un de mes collègues a failli être tué par balle dans un bus à Tourcoing la semaine dernière, elle est passée à 10 cm de sa tête, il s'appelle Rémi comme moi mais il aurait pu être mon fils...

    7
    Dimanche 21 Août 2011 à 16:59

       Eh bien !!....

    8
    Vendredi 26 Août 2011 à 19:21

    Bonjour Cassiopée, oui, je parlais d'une personne précise qui a été embauchée pour m'aider dans mon  travail de documentaliste dans un collège, et qui en fait a passé son temps à se plaindre de moi à tout le monde, à me discréditer auprès des élèves (qui me le rapportaient ensuite car évidemment ils n'étaient pas d'accord) ; à la fin de sa période d'essai, alors que j'avais posé un avis défavorable à son maintien elle est allée directement minauder aupres de la direction pour qu'on la garde alors que c'était moi qui étais responsable d'elle et ayant obtenu gain de cause ensuite elle a passé deux ans à faire tout le contraire de ce que je lui demandais. Même les extérieurs ne comprenaient pas ce qui se passait et j'ai dû la côtoyer deux ans comme si nous étions deux étrangères - ce qui ne m'est jamais arrivé avec quiconque car j'ai eu beaucoup d'autres emplois-aidés. La seule explication que j'aie trouvé c'est qu'elle "se sentait en position d'infériorité" puisque avec les autres personnes de l'établissement elle jouait les petites timides qui a peur de ne pas savoir faire, alors que devant moi elle prenait des directives, elle commandait, et si je m'opposais à ce qu'elle avait décidé elle trépignait jusqu'à obtenir gain de cause. Enfin, c'est sans doute une personne qui a des problèmes psychologiques. A plus de 50 ans elle vivait encore chez ses parents et il parait que ses parents l'ont mise à la porte maintenant et qu'elle a été récupérée par les services sociaux de la mairie. Je ne peux pas te dire toutes les vacheries qu'elle m'a faites ; elle n'a jamais accepté noi mon aide ni mon amitié :"ah! non ! pas vous !!" Un jour elle avait un malaise et j'ai voulu la raccompagner chez elle, elle s'est arrangée pour que ce soit qqun d'autre. C'est vraiment un cas particulier, mais je pensais que ce genre de cas peut exister ailleurs.

    9
    Vendredi 26 Août 2011 à 19:23

    J'ajoute, Cassiopée, que je vis dans le Berry, dans une région moins peuplée où les personnes en difficulté peuvent encore toutes être aidées... Du moins notre maire s'y applique de toutes ses forces !

    10
    VAN UYT FANGE Martin
    Mardi 19 Août 2014 à 12:57

    En réponse au commentaire de Valentine, oui bravo à tous ceux qui travaillent pour aider les autres, mais ça n'est pas seulement cela médiateur, c'est bien sûr aider les personnes les plus démunies vivant dans la rue  mais c'est aussi savoir gérer la violence verbale ou autre tout en n'oubliant jamais la signification du mot social. Certaines personnes pensent à tort que quelquefois ces médiateurs ne font que "se promener", au contraire c'est un métier très difficile émotionnellement.

    11
    VAN UYT FANGE Martin
    Mardi 19 Août 2014 à 12:57

    Il y a tant de misère, et l'état préfère vivre "au-dessus de ses moyens", réceptions fastueuses, cadeaux, effacement de dette. On préfère la construction d'un nouveau stade, le réaménagement de toute une rue plutôt que de donner cet argent aux associations, foyers qui permettraient d'accueillir plus de personnes et surtout de les aider sur un long terme.

     

    12
    cassiopée
    Mardi 19 Août 2014 à 12:57

    Que voulez-vous dire par "une personne en difficulté embauchée pour  nous aider et qui nous agresse parce qu'elle se sent en position d'infériorité" pourquoi en position d'infériorité ? Merci d'avance pour vos explications. Ici, chez nous, il y a tellement de misère, de violence, de gens qui n'en peuvent plus de vivre, de survivre même et Rémi-Ange en voit tous les jours et toutes les nuits.

    13
    cassiopee
    Mardi 19 Août 2014 à 12:57

    Merci Valentine pour votre explication, je comprend mieux maintenant votre réponse. Je regrette simplement l'intervention de Rémi-Ange. Je pense qu'il est bon de répondre, spontanément, aux commentaires que l'on fait car cela encourage les internautes à aller sur votre blog. Bonne soirée et à bientôt de vous lire.

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